PARTICIPEZ À L'ÉCRITURE DE 55 ANS APRÈS L'EXIL EN ME FAISANT PART DE VOTRE PROPRE VISION CONCERNANT LA TRANSMISSION DE L'HÉRITAGE MÉMORIEL DES PIEDS-NOIRS

Je suis en train d'écrire 55 ans après l'exil... qui paraîtra au 4ème trimestre 2018, publié par les Éditions de l'Aube.
J'ai besoin de vos avis et réflexions sur quelques points. Cela me permettra d'avancer dans ma démarche et ma démonstration. Je pourrai reprendre certains de vos arguments dans le livre. Je vous prie d'essayer de répondre à l'une (ou plusieurs) de ces questions. D'avance, je vous remercie :


- Qu'est-ce qu'être pied-noir ?
- Vous sentez vous pied-noir/e ou enfant de pied-noir ?
- Est-il difficile de vivre sa piednoirité en France aujourd'hui ?
- Sur quoi repose l'héritage mémoriel des pieds-noirs ?
- Quel sont les obstacles à la conservation de notre héritage mémoriel ?
- Peut-on faire vivre son héritage mémoriel alors que la terre n'existe plus ?
- Si vous vivez à l'étranger, ce choix est-il en relation avec l'histoire pied-noire de vos parents ? Dans ce cas, pouvez-vous expliquer pourquoi.

Commentaires

  1. - Qu'est-ce qu'être pied-noir ?
    Être pied-noire se définit pour moi, née en 1974, comme le négatif d'une photo car je me sens illégitime à prétendre l'être, n'étant pas née en Algérie. Mon père me l'a dit, d'ailleurs - tu n'es pas pied-noire - et sur le coup, ça fait un drôle d'effet, comme si je n'étais pas la fille de mon père ! Je comprends qu'il l'a dit pour me protéger et m'épargner une douleur, mais c'était plus que maladroit car c'était blessant. De plus, seul mon père est pied-noir, pas ma mère. Donc, vis-à-vis de mes cousins, y compris ceux qui sont nés en France, je me sens pas tout à fait comme des leurs et heureusement qu'on a le même patronyme pour me rappeler qu'on est de la même famille !
    C'est très ambivalent car je me sens tournée vers le présent et l'avenir, je me définis comme une optimiste mais en même temps, je me raccroche à cette partie de mon identité que je considère comme tournée vers le passé. Ma meilleure copine est ma "soeur" - même si j'en ai une de sang - et ses parents sont algériens. J'aime à me dire qu'Etienne Daho est un "compatriote" d'Oran. Je suppose que l'emploi de ce mot, "compatriote", n'est pas anodin mais il ne me viendrait pas à l'esprit d'en chercher un autre.
    C'est aussi quelque chose qui me paraît vain, d'une certaine façon : à quoi sert de faire des mantécaos à Noël alors que nous ne sommes pas à Oran ? La mouna avait un cadre temporel et spatial : Pâques à Santa Cruz sur les hauteurs d'Oran. Or, les lieux manquent. Le contexte est tronqué et donc le sens s'est perdu. Il me semble. Ce serait comme sortir une phrase de son contexte. Con-texte : avec le texte. Et on le sait bien, à une phrase sortie de son contexte, on peut faire dire n'importe quoi. Elle n'a plus de sens. Cela rejoint d'ailleurs la question "Peut-on faire vivre son héritage mémoriel alors que la terre n'existe plus ?"
    Et comme cela me paraît vain, je ne m'appesantis pas, car demain le soleil se lève. Cependant, je réponds à ce questionnaire, allez comprendre !



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    1. Allez comprendre... je comprends ! "Tu n'es pas pied-noire" vous a dit votre père. Cela m'a été souvent répété. Cela m'a toujours interloqué. Il y a peu encore, en écoutant Jean-Marie Blas de Roblès, "Dans l'épaisseur de la chair. Éditions Zulma, 2017". Voilà ce qu'il dit : "Il y a une dizaine d'années mon père m'a lancé une "insulte" lors d'une éternelle conversation sur les Français d'Algérie, la colonisation... Il m'a dit : « Tu n’es pas un vrai pied-noir ». Je ne me considère pas comme un « vrai » pied-noir et il m’a fallu écrire tout ce livre et arriver à l’âge que j’ai pour pouvoir l’écrire, mais bizarrement ça m'a blessé alors que je n'ai jamais eu ni fierté ou le contraire de la fierté à me considérer comme un pied-noir, j'étais indifférent, mais je me suis senti rejeté, ça m’a poussé dans mes retranchements et je me suis questionné sur la notion de pied-noir…" Tous ont été blessés, cruellement blessés. Même ceux qui ne se considéraient pas comme pied-noire. Vous êtes la seule à donner une explication - à laquelle je n'ai pas pensé - : "pour me protéger et m'épargner une douleur". Merci pour votre contribution qui me permet d'avancer.

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    2. Vous savez, cette explication m'est venue tandis que j'écrivais, elle s'est comme qui dirait révélée à moi. Les vertus de l'écrit !

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    3. Et du coup, je ne lui en veux pas.

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  2. - Sur quoi repose l'héritage mémoriel des pieds-noirs ?
    Premièrement, sur une profonde douleur. Bien que nous n'ayons pas connu les événements, que nous soyons nés en France, ce chagrin nous a été transmis par nos parents et sans même qu'ils s'en rendent compte. Il vous prend, comme ça, et passe comme il est venu. Vous vous sentez triste, morose, sans même savoir pourquoi.
    Avec cette douleur s'ajoute le sentiment de n'être jamais chez soi, de ne pas avoir de racines ou plutôt de se sentir bien quelque soit l'endroit où on habite. Demandez-moi d'où je viens, je vous répondrai : de partout et de nulle part. C'est incroyable qu'avec une mère née en France, dont toute la famille est de France, le sentiment de ne pas savoir d'où je viens l'emporte sur la moitié de mon identité ! Mais, et je le vois et le vis comme un atout précieux, surtout à notre époque, déménager demain pour l'autre bout du pays ne me poserait aucun problème. Pas à mon mari, dont les racines sont en Côte d'Or.
    Enfin, restent les photos de famille et les recettes de cuisine. A mon avis. Ma mère a appris de sa belle-soeur à faire des mantécaos, du "riz à l'espagnole". J'ai récupéré celles de la frita et des calentica. Est-ce qu'il reste un lexique, un phrasé, un accent ? Peut-être chez certains. Pas chez moi. Mon père a perdu son accent, même si une personne qui ne le connaît pas du tout va le déceler et lui demander s'il n'est pas du Midi. Si, quelques mots/expressions : "scabèche" pour désigner quelqu'un de maigre, "djib el kawa" (je ne sais même pas si ça s'écrit comme ça) et l'autre jour, j'ai sorti à mes gamins "attraper la h'pouba" avec le -h prononcé comme la jota espagnole, qui veut dire "attraper un gros rhume". Je ne sais même pas si ça vient de là-bas, mais il n'y a que dans la bouche de mon père que j'ai entendu ça. Un lexique, donc, que je n'emploie pas ou peu, parce que ce n'est pas ma langue maternelle.
    Après, quand on voit comme les divers éditeurs surfent sur la nostalgie, quand on voit tous les livres de "cuisine de grand-mère" qui sortent, que cette grand-mère soit bourguignonne, berrichonne ou picarde, peut-être que les pieds-noirs ont une carte à jouer. Mais ne vont-ils pas tomber dans le folklore ?

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    1. Sur quoi repose l'héritage mémoriel des pieds-noirs ? Vous dites : "Premièrement, sur une profonde douleur". Mais ce qui suit est aussi douloureux. Ravages du traumatisme. Il y a autre chose - pèle-mêle car je ne me suis pas encore vraiment attelé à la question. Une histoire - qui débute avec ses ancêtres, premiers colons, qui passe par un exode et un exil. Un rapport à la friche - qui doit sans cesse être défriché. Un multiculturalisme - qui ne doit pas être angélique, sinon nous nous mentirions. Des habitus - devenus des rituels. Un sens de la cohésion sociale - qui certes, s'est perdu. Le sentiment d'une "certaine" piednoirité. Le certain restant à définir... Je vous en dirai plus plus tard. Merci pour votre contribution.

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  3. - Les obstacles à la conservation de notre héritage ?
    Le temps, qui passe, et qui voit les rangs de pieds-noirs diminuer. Leurs enfants, qui font leur vie avec des gens qui n'ont rien à voir avec l'Algérie.
    Puis, des gens comme moi, je le pense en toute sincérité et je m'excuse si je blesse. C'est-à-dire des gens qui n'ont pas forcément envie de s'encombrer avec. Qui veulent juste en faire un trait de leur personnalité et pas un fardeau. Car y penser, ça rend trop triste. Ce n'est pas parce que j'ai cette intention que j'y parviens, cependant, mais c'est ce à quoi j'aspire.

    - Peut-on faire vivre son héritage mémoriel alors que la terre n'existe plus ?
    Est-on certain que la terre n'existe plus ? et qu'appelle-t-on "la terre" ?
    Certes, l'Algérie française n'existe plus et a été remplacée par un Etat qui s'appelle néanmoins l'Algérie. Une entité politique s'est substituée à une autre. Mais ne reste-t-il vraiment rien ? Oran existe toujours, tout comme Alger. Bien sûr, ces villes ont profondément changé, se sont modernisées (il paraît qu'à Oran, ça construit de partout) et les rues ont changé de nom. Mais leur tracé est resté le même. Sur Google Earth, j'ai ainsi pu voir la rue où habitait mon père. Certains bâtiments existent toujours et sans doute aussi qu'une certaine lumière, certaines odeurs sont toujours là.
    Alors, plutôt que dire que la terre n'existe plus, je préfère dire qu'une certaine terre d'Algérie n'existe plus. Et c'est de la transmission de celle-ci qu'il est question. Une terre devenue en partie virtuelle, fantasmée, mais dont il reste ce que je disais plus haut, à savoir des souvenirs, des photos, des recettes de famille... et ça, c'est du concret.
    Ceci étant posé, "peut-on faire vivre son héritage mémoriel" ?
    Honnêtement, je ne sais pas. Et que signifie "faire vivre" ?
    Déjà, le fait que cette Algérie-ci n'existe plus entraîne une perte des repères dans certaines pratiques ou habitudes. Il faudrait alors avoir la force de créer autre chose, un autre rite qui se substitue à l'ancien.
    D'un autre côté, pour nous autres qui n'avons pas connu l'Algérie, ça doit passer par du concret, notamment quand on a des enfants. Noël approche et c'est certain que moi ou ma mère allons faire des mantécaos, car l'aîné de mes fils en raffole et il sait les faire. Mes fils savent que leur papy est né de l'autre côté de la Méditerranée. Mais c'est tout. L'aîné a 16 ans, il commence à être grand, à comprendre certaines choses. Si un jour il pose des questions, je répondrai à celles dont je connaîtrais la réponse. Pour les autres : "vas voir Papy !"
    Il va survivre, cet héritage. C'est peut-être plus juste que "faire vivre". Il va survivre par petites touches, par des petits riens. Nos petits-enfants ne sauront peut-être jamais que ces délicieux biscuits au coeur cristallisé viennent d'Algérie, mais comme ils les aimeront, ils en feront.

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    1. Les obstacles à la conservation de notre héritage ?... Vous dites : "Des gens qui n'ont pas forcément envie de s'encombrer avec. Qui veulent juste en faire un trait de leur personnalité et pas un fardeau. Car y penser, ça rend trop triste."
      Effectivement, c'est souvent le cas, et c'est l'une des raisons pour laquelle ceux nés après 1962 ne veulent pas se charger de ce fardeau. Pourquoi un tel fardeau ? Parce qu'il y a eu traumatismeS. Je mets un S car il ne s'agit pas du seul traumatisme des pieds-noirs. Et on touche là au coeur de mon essai. Deux traumatismes se heurtent. Celui des pieds-noirs, non soigné par la société française - théoriquement nation-mère patrie. Celui de la société française, qui ne s'est pas remis de "sa" colonisation et de "sa" guerre d'Algérie. Que peut-on faire pour en sortir ? Expliquer. Ce que je fais dans "55 ans après l'exil..." Cela peut paraître prétentieux... ou inconscient. Bien sûr. L'entreprise est lourde et risquée. Mais il faut oser s'y confronter. A bientôt donc, chère Nathalie. Merci pour votre contribution.

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  4. Bonjour, je trouve ce blog un peu tard. ci-après mes réponses aux questions de cette enquête. je comprends qu'elles arrivent trop tard pour être prises en compte, mais ce n'est pas grave. un témoignage inutile de plus.

    - "qu'est-ce qu'être pied-noir ?" c'est être : 1) déraciné 2) héritier d'un peuple de pionniers
    - "Est-il difficile de vivre sa piednoirité en France aujourd'hui ?" ça dépend : les personnes âgées (+ 75 ans) se retrouvent volontiers au sein d'associations ; les personnes plus jeunes, nées autour de 60, ne vivent pas cette "piednoirité" en société, ça reste purement familial. et presque marginal. la "piednoirité" n'existe pas socialement.
    - "Sur quoi repose l'héritage mémoriel des pieds-noirs ?" 1) sentiment d'injustice, trahison, défiance radicale, irréductible vis-à-vis de l'Etat, de la société en général 2) douleur, malheur, 3) éthique du travail, nécessité de s'en sortir sans / contre l'Etat, ne compter que sur soi et sur la famille, 4) incompréhension / rejet des politiques de la France depuis les années 60, en particulier mai 68 et le laxisme généralisé / institutionnalisé, l'immigration massive, les compassions victimaires etc.
    - "Quel sont les obstacles à la conservation de notre héritage mémoriel ?" au-delà des aspects anecdotiques / folkloriques, cet héritage se construit essentiellement contre la société actuelle ; de plus l'histoire des pieds-noirs est complètement inconnue des "Patos", le point de vue pied-noir est complètement incompréhensible par les Français du continent ; même les plus éclairés, cultivés, ouverts, ne peuvent absolument pas comprendre de quoi il retourne. sur le plan pratique, les associations pied-noirs intéressent les plus âgés. mais elles ne peuvent irriguer le reste de la société, qui n'a de toute façon ni l'envie ni la capacité d'entendre, de comprendre et encore moins d'accepter. la remise en cause serait trop profonde, ce serait comme dire que Pétain n'avait pas complètement tort. l'histoire a été racontée contre les pieds-noirs, la"réconciliation" s'est faite par-dessus eux, contre eux. leur histoire n'est absolument pas digérable par le reste de la société ; ils sont même devenus les témoins / acteurs d'un "crime contre l'humanité" ! tout juste s'ils ne sont pas assimilables à des nazis. alors vae victis. pas de pardon. juste le rejet et l'oubli.
    - "Peut-on faire vivre son héritage mémoriel alors que la terre n'existe plus ?" le peuple juif l'a fait, mais c'est bien le seul. les conditions nécessaires sont assez spéciales ...
    - "Si vous vivez à l'étranger, ce choix est-il en relation avec l'histoire pied-noire de vos parents ?". l'appel de l'étranger a toujours été très fort pour moi. j'envisage sérieusement de m'exiler. pour le moment je m'occupe de ma mère. après, rien ne me remettra dans ce pays.







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    1. Non vos réponses n'arrivent pas trop tard, puisque 55 ans après l'exil... est en cours d'écriture. Et vos réponses sont utiles. Elle me permettent de prendre le pouls véritable des pieds-noirs confrontés à ces questions importantes. Et vous amenez des réponses auxquelles j'amènerai une réponse. La mienne tout au moins. Réagir par exemple à ce que vous dites : "l'appel de l'étranger a toujours été très fort pour moi. j'envisage sérieusement de m'exiler." Ce sont des propos que beaucoup partagent. Ainsi 13% des personnes nées après 1962, interrogées par mon enquête, vivent à l'étranger - contre 2,5 de français. Et 25 % de ceux vivant à l’étranger déclarent que ce choix est en partie en relation avec l’histoire algérienne de leurs parents.

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  5. Ma mère est pied noir, mon père est un auvergnat de vieille famille française qui était infirmier para pendant la guerre d'Algérie. Je dirais que si la culture de la mère est toujours la pluss pregnante pour un enfant, la culture pied noir l'est encore plus. C'est d'abord, vis à vis des tout petits, un état d'esprit, sur protectionniste mais qui fait du bien à l'égo et aide à se construire "il est beau mon fils, elle est intelligente ma gosse" bref que du positif côté assurance. Ce sont des valeurs, se mettre en quatre pour qu'un enfant réussisse, un exemple? le jour où j'ai inscrit mon fils en fac de médecine, il y avait ma mère et ma grand mères, dès fois que l'une aurait oublié un papier. C'est mon père me confiant "les femmes pied noires savent éduquer un enfnt et s'en occuper, j'ai jamais regretté mon choix". C'est l'esprit de famille, mon oncle maternel qui fermait son magasin à Lyon pour aller passer la nuit au chevet de mon frère à Clermont Ferrand. Je ne suis pas née en Algérie mais j'aime les olives, les sardines grillées, les méchouïs et le mouton! être enfnt de pied noir, c'est aussi avoir le courage de défendre cette maudite image "de gros colons", je m'y emploie. Etre fille de pied noire, c'est ma différence, on exotisme à moi, cette part étrange et lointaine aux parfums d'orient. Culturellement, un pied noir est plus proche d'un algérien que d'un français, ce sont en quelque sorte "des arabe catholiques" Pas taper s'il vous plait! et aux anciens, par contre, j'aimerai qu'ils soient plus positifs et dans l'action, arrêter de se rendre malade et de resasser sur un pays qui n'existe plus. Il faut communiquer positif, avenir et non plus "les arabes ils nous ont mis dehors". Tout le monde le sait.Faut avancer.

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  6. Vous avez raison lorsque vous vous attendez des anciens qu'ils soient plus positifs et dans l'action, qu'ils arrêtent de se rendre malade et de resasser sur un pays qui n'existe plus. Qu'il faut communiquer positif sur l'avenir et non plus "les arabes ils nous ont mis dehors". Qu'il faut avancer.
    C'est dans ce sens que nous avons conçu le colloque organisé par le CDHA (à consulter via le lien http://www.cdha.fr/colloquememoirepiedsnoirs/). Et c'est pour cela que les "jeunes" ont suivi. Ceux nés après 1962 sont environ 1million. Ils sont prix Nobel, médaille Fields, académiciens, ministres, artistes, journalistes, chefs d'entreprise, commerçants, ouvriers... Ils ont quelque chose à dire qui puise souvent dans leurs racines. Construisons positif. C'est le sens de mon livre. Pour sortir définitivement du traumatisme des anciens. Sans le renier, bien sûr, juste pour l'assumer et en faire quelque chose. C'est nécessaire pour résilier. Vous avez raison : Il faut avancer.

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  7. Pour ma part, je suis née en 1971; ma mère est née à Alger en 1936... elle s’est mariée avec un chti ce qui fait que j’habite à Lille... je suis fière d’etre la fille d’une pied noire et je regrette ne pas pouvoir visiter son pays tant elle me l’a décrit (ses odeurs, ses couleurs ...). Je n’hesite pas à le dire et mes enfants de 7 et 10 ans aussi! Les souvenirs ont été transmis oralement ... parfois je me dis que je devrais tout écrire avant que maman disparaisse ... il m’est aussi paru important de cuisiner Pn pour faire perdurer les traditions (pour ça les groupes fb c’est chouette) voilà ! Donc chez nous, on n’aura pas de souci pour valoriser d’où l’on vient et on cultive cette différence ...je regrette juste que dans le Nord, les pn ne sont pas nombreux.

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    1. Ne laissez pas passer l'occasion Florence. Avant qu'il ne soit trop tard. Vous avez probablement un smartphone et tous ont un enregistreur intégré. Questionnez votre mère. En parlant d'elle, elle parlera de vous en forme de trait d'union. Surtout faites-le. Bien amicalement. Hubert

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    2. "Questionnez votre mère", conseillez-vous, Hubert. Mais pour demander quoi, concrètement ? car on connaît déjà certaines choses, certaines anecdotes. Mais vous avez raison, il y a urgence : mon père va faire ses 80 ans en octobre. Le plus dur, peut-être, c'est d'oser.

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  8. - Qu'est-ce qu'être pied-noir ?

    Être pied-noir est pour moi être un enfant de l’exil d’un pays qui n’existe plus où l’on a connu au travers de souvenirs à la fois beaux et attroces. C’est la beauté et les saveurs d’antant, d’un pays, d’une culture moderne méditerannéenne nord africaine et cosmopolite dont ils auraient tant voulu partager avec leurs proches, la famille, les amis et inconnus.

    Être pied-noir c’est porter le lourd fardeau d’une déchirure tant celle de la séparation de leurs biens, des amis restés làbas, du pays bien aimé, de ses ancêntres et/ou de sa naissance et/ou de son enfance que de celle de la responsabilité totale du déroulement des attrocités d’antant.

    Être pied-noir c’est de posséder se ressentit de toujours ne pas avoir été compris et de détenir parfois un ressentiment de crainte de ne pas être accepté (voir être haïs) de ceux qui ne sont pas pied-noir.

    Être pied-noir c’est être de nul part et d’avoir été à l’apogée d’une culture méditerannéenne moderne nord africaine et cosmopolite complexe certes qui aurait pu être apporter ses fruits mais qui au final a failli.

    Être pied-noir c’est avoir un ressenti d’echec (d'inachevé) et un sens d’ouverture aux autres cultures.

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  9. - Vous sentez vous pied-noir/e ou enfant de pied-noir ?

    Je me sent enfant de pied-noir non seulement parce qu’un de mes parents l’a été mais aussi parce que je suis de double nationalité et vis ni en France ni en Algérie. De ce fait je me sent parfois un peu déraciné comme l’un de mes parents. Mais étant enfant d’un parent pied-noir et d’un parent non Français et ni Algérien je me sent plus ouvert aux autres cultures. Ma femme est un bel exemple de cette ouverte d’esprit car elle est ni Française, ni Africaine… mais métissée (à la fois des caraïbes et européenne).

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  10. - Est-il difficile de vivre sa piednoirité en France aujourd'hui ?

    Je pourrais que parler en general car ne vis plus en France. Mais oui il est difficile de vivre avec sa piednoirité car parfois je me sent de nul part et donc complètement déconnecté ou bien pas compris.

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  11. - Sur quoi repose l'héritage mémoriel des pieds-noirs ?

    Sur la beauté d’un pays, des saveurs culinaires (couscous, soubressade, méchouis, anisette Cristal…) les fruits et légumes locaux, le mélange des cultures Algérienne et Européennes… Malheureusement les attrocités de l’indépendance plane dessus tout ça et ternie cet héritage mémoriel.

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  13. - Peut-on faire vivre son héritage mémoriel alors que la terre n'existe plus ?

    Oui si celui-ci est paratageable avec d’autres ayant les mêmes racines et le même vécu mais avec les temps les témoins de cet héritage disparaisseront. Seul les enregistrements de récit sur film ou dans un livre permettrons la conservation de cet héritage.

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  14. - Si vous vivez à l'étranger, ce choix est-il en relation avec l'histoire pied-noire de vos parents ? Dans ce cas, pouvez-vous expliquer pourquoi.

    Oui en partie. Depuis ma naissance au décès de mon parent pied-noir j’ai du porter toute sa peine et sa tristesse. Ce parent a été traumatisé par l’Algérie. Né en 1932 il était alors en âge de faire son service militaire et a été témoin du massacre du 26 mars 1962 de la rue d’Isly. J’ai malheureusement hérité en partie de ses traumatismes sur lequel je travaille dessu et que je ne souhaites nullemenr retransmettre à mon jeune enfant.

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  16. - Quel sont les obstacles à la conservation de notre héritage mémoriel ?

    Ne pas communiquer sur ses émotions qui font part de la mémoire de ce passé. Rester dans l’ignorance du pardon et être toujours en colère. Ne pas être capable de reconnaître la responsabilité de tous et de se dire bien au contraire que l’on en est partie responsable de la tristesse et du malheur du parent pied-noir.

    J'ai connu de nombreuses fois des moments de douleurs, de tensions et d'incompréhension de la part de ce parent pied-noir. À maintes reprise j'ai jeté l'éponge car il était impossible de communiquer.

    En plein milieu de mon adolescence j'ai du vivre avec ce parent avec lequel j'étais séparé (car parents divorcés). Il était toujours dans ses mémoires de son Algérie profonde et ses points de vus politiques en opposition avec l'opinion politique en général.

    Bref pendant toute mon adolescence j'étais en opposition continuelle (car ça fait part de l'adolescence) avec ce parent qui lui était en opposition continuelle avec ce que les autres pensaient.

    Depuis j'ai appris à mettre l'eau dans mon vins mais parfois je reste maladroit et sois en mets trop ou pas du tout.

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    1. Merci cher/e ami/e pour ces témoignages. Bien amicalement. Hubert

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